Emploi accompagné : 6 points clés

Tous les parcours sont singuliers, impossible de les réduire en statistiques et généralisations. Pour autant, quelques tendances se détachent des témoignages qui ont rythmé la journée « L’emploi accompagné, un nouveau levier pour l’inclusion professionnelle en France » organisée par l’EPR* avec la Fagerh à Rennes le 15 octobre dernier.

*European Platform for Rehabilitation

De plus en plus de personnes sont accompagnées

Il n’y avait en 2017 qu’une cinquantaine de dispositifs conventionnés. Après une période d’acculturation collective nécessaire pour les professionnels, les financeurs et les orienteurs, l’emploi accompagné a pris un réel envol. Dès 2018, plus de 1200 personnes handicapées ont été orientées, et elles devraient être 2500 en 2019 (sans compter les structures hors conventionnement).

Des modalités d’intervention différentes

Ces dispositifs s’enracinent sur une approche philosophique différente et sur des pratiques de travail inspirées de l’étranger. Ils déploient une nouvelle manière de travailler, pragmatique, agile et au plus près des réels besoins des personnes. Le travail du jobcoach varie considérablement selon les personnes accompagnées. Son cadre de travail est très souple : son agenda s’adapte quotidiennement aux situations et il opère le plus souvent hors de l’établissement. L’accompagnement est global et singulier. Pour certains une veille suffit, d’autres auront besoin d’être soutenus sur leur lieu de travail. Le nombre de personnes suivies par job coach (entre 14 et 18 personnes par ETP pour Ladapt Ouest en Bretagne par exemple) permet un soutien individualisé et de développer une relation unique et atypique avec la personne accompagnée.

L’ouverture à de nouveaux partenariats

Les conseillers en emploi accompagné travaillent bien entendu en collaboration avec les équipes MPS de l’établissement mais ils sont aussi amenés à développer des nouveaux partenariats, hors de l’établissement et des procédures de travail habituelles. Parfois, la première étape de l’accompagnement consistera à aider la personne à accéder à une épicerie sociale ou à renouveler une paire de lunettes !

Une temporalité différente

Des orientations accélérées

Pour que le dispositif fonctionne, il doit se rapprocher du timing d’entreprises qui n’avancent pas au même rythme que le médico-social. Les personnes sont orientées par les MDPH en moins de trois mois sur Accessyl en Essonne (FFB de Sillery en partenariat avec l’EPNAK) et sur un délai de 1 mois environ sur Ladapt Ouest en Bretagne.

Une durée d’accompagnement très variable et parfois discontinue

La durée moyenne de l’accompagnement du Geist Mayenne est de 22 mois mais elle recouvre des situations très différentes. Pour certains, aucune fin de l’accompagnement ne parait possible même si le suivi peut être très ponctuel. D’autres ont besoin d’intercaler les périodes de travail et de repos.

Des publics connus, mais qui évoluent

Troubles du spectre de l’autisme, maladies psychiques, déficiences intellectuelles (…) : les publics orientés sur des dispositifs d’emploi accompagné sont connus des professionnels des CRP-CPO, quotidiennement confrontés à des profils de stagiaires encore plus diversifiés et relevant parfois de plusieurs pathologies. Pour autant, certains dispositifs d’abord très ciblés s’ouvrent à de nouveaux publics : le GEIST a ainsi d’abord accompagné des personnes porteuses de trisomie 21, puis ayant des déficiences intellectuelles avant que ne soient aussi orienté un public atteint de troubles psychiques. Les dispositifs d’autres établissements comme Ladapt Ouest accompagnent potentiellement tous types de handicap.

Des publics qui auparavant était laissés sans solution

Ces dispositifs permettent de suivre les personnes qui sans accompagnement n’arrivent pas à se maintenir à un poste. Par exemple les troubles psychiques peuvent nécessiter la présence d’un professionnel en médiation avec le tuteur et le collectif de travail.

Accompagner les parcours sans rupture

Les nouvelles générations ont connu l’inclusion en milieu scolaire. Être accompagné en milieu ordinaire de travail est la suite logique de leur parcours. De même, certains anciens stagiaires de CRP ont besoin d’être soutenus une fois en emploi.

Des fonctions, secteurs d’activité et contrats très divers

Les personnes sont en poste dans des emplois très différents : entretien des espace verts et des locaux, fonctionnaires, informaticiens… De même, les contrats varient : services civiques, CDD, CDI, interims, stages, micro-entreprises, temps partiels…

Des attentes et un rapport au travail parfois différents

Certains choisissent des missions successives plutôt qu’un CDI car ils ont besoin de temps pour se ressourcer. D’autres préféreront un petit contrat ou un stage car l’angoisse diminue avec un engagement moindre. Quelques-uns, confrontés au monde de l’entreprise vont voir leur santé se détériorer et arrêter de travailler…

Le témoignage de Stéphanie qui a été suivie par le Geist Mayenne et est atteinte de phobie sociale est révélateur. Au départ, un CDI n’était pas concevable. Son intégration très progressive dans l’entreprise a été négociée par sa jobcoach : stage, CDD de plus en plus long pour aboutir à un CDI. De même, la durée de travail a progressivement augmenté, passant de 21 heures, puis 24, 26, 28 … pour arriver finalement à 33H15. Aujourd’hui, grâce à l’accompagnement et à la confiance de son responsable, elle gère en autonomie des tâches qu’elle n’aurait jamais auparavant cru pouvoir accomplir.  Son exemple montre aussi l’importance de l’accompagnement des équipes de l’entreprise car leur capacité à comprendre et à s’adapter aux difficultés de la personne est déterminante.

 

Loin des effets de mode, l’emploi accompagné est un nouveau dispositif d’accompagnement performant, novateur qui se développe et pourrait même inspirer d’autres pratiques du secteur.