Organisé en pôles de compétence, le Crepse a achevé sa transformation

Il y a un an, le Crepse (Arepsha) menait à terme la rénovation des bâtiments de l’établissement et parachevait ainsi le développement du projet d’établissement. Depuis quelques années déjà, les prestations du Crepse s'articulent autour de pôles de compétences qui proposent une offre partagée entre les différents dispositifs : CRP, CPO, Ueros, réentraînement au travail. Accompagnés par un référent, les stagiaires construisent un programme individuel en choisissant les ateliers, activités et formations qui répondent à leurs besoins propres.

Encouragé par cette organisation flexible, les stagiaires deviennent acteurs de leur projet, ils suivent des parcours personnalisés, adaptés à leurs problématiques et à leurs évolutions.

Retour sur cette transformation, les conditions de réussite de sa mise en place, les implications pour les salariés et la dynamique de travail.

Une organisation par pôles et décloisonnée

L'organisation du Crepse s'articule autour de 6 pôles qui se répartissent sur les différents plateaux de l'établissement.

L’ensemble de l’équipe médico-psycho-pédagogique collabore en synergie pour construire une offre de formation transversale et partagée. Ainsi, les formateurs qui travaillent dans le pôle Orientation accompagnent les personnes qui rentrent en dispositif de pré-orientation mais ils peuvent aussi conseiller des stagiaires d’autres dispositifs pour toutes questions relatives à leur expertise initiale.

De même, une personne suivant le parcours « réentraînement au travail » vérifie ses habilités manuelles en participant à l’atelier « reprographie » ou « fournil » mais il a aussi la possibilité, pour tester ses capacités cognitives, de s’inscrire à des sessions « apprendre à apprendre », sur la mémoire… Dans ces ateliers, il pourra côtoyer des stagiaires d’autres dispositifs : Ueros ou formation qualifiante par exemple. Certains temps pédagogiques restent dédiés aux participants d'un parcours particulier et ne sont pas ouverts aux stagiaires d'autres dispositifs (comme la partie technique des formations qualifiantes), mais l'offre pédagogique transversale est partagée.

Avec cette organisation, le parcours est adapté aux besoins de la personne et peut évoluer en fonction de sa progression.

Le stagiaire au centre du dispositif et acteur de son parcours

Chaque stagiaire est accompagné par un référent de parcours. Ce dernier représentant de l’équipe pluridisciplinaire, sera l’interface avec toute l'équipe de l’établissement. Ensemble, ils vont co-construire un parcours personnalisé en inscrivant la personne à des ateliers sur un planning en ligne. Autoformation accompagnée en informatique, gym adaptée, évaluation des habilités manuelles (…), le stagiaire a accès à tout un catalogue qui recense l’offre pédagogique commune.

Les référents travaillent au sein de l’équipe pédagogique mais cette mission de coordination est distincte de leur rôle habituel et enrichit leur activité. La posture de référent de parcours demande une grande souplesse, un positionnement différent. Pour pouvoir construire ces parcours adaptés et évolutifs, de nombreux changements ont été nécessaires, dans les outils utilisés, les modalités de collaboration…

Analyse avec Sophie Lendais, Directrice du Crepse, des clés de la mise en place de cette organisation

Spatio : l'outil informatique pour gérer et coordonner

Un outil informatique, Spacio, est déployé depuis un an. Il a été spécifiquement conçu pour le Crepse afin de gérer et coordonner l'offre pédagogique partagée et la gestion des espaces. « Il facilite grandement le quotidien des équipes souligne Sophie Lendais. Ainsi, les référents accèdent en ligne aux descriptifs des ateliers, à ses finalités, aux prérequis… Ils peuvent inscrire un stagiaire et expliquer ses objectifs dans un fiche navette destinée à l’animateur de l’atelier… Par ailleurs, nous pouvons nous appuyer sur notre plateforme d'apprentissage et notre centre ressource qui permettent aux stagiaires de travailler en autonomie accompagnée sur un certain nombre de compétences techniques comme l’électricité, les savoirs de base ou l’informatique.

Préparer les parcours

Le Pré-accueil 

« Avant toute entrée dans l'établissement, nous effectuons un travail de pré-accueil afin d’anticiper les problèmes, de lever les éventuels freins en termes de mobilité, de garde d'enfants… Nous vérifions alors tous les aspects de faisabilité du projet ». Dans ce cadre, les futurs stagiaires des dispositifs de réentraînement au travail et de formation professionnelle sont accueillis 2 jours et demi sur une semaine pour des évaluations en situation écologique, un entretien de motivation…

Pour les personnes orientées en Ueros, le pré-accueil dure une journée et demi durant laquelle un neuropsychologue effectue des entretiens et l’équipe pluridisciplinaire se réunit. Le pré-accueil des pré-orientation se déroule sur une journée.

L'accueil

Tous les mois, le Crepse planifie aussi une semaine d’accueil pour les stagiaires qui débutent leur parcours. Quelque soit le dispositif suivi, les personnes sont accueillies avec le même temps partagé : ils reçoivent ainsi les informations sur le Crepse, le contrat de séjour, l'offre pluridisciplinaire et pédagogique… Ils vont aussi se rendre sur les différents plateaux et rencontrer les équipes.

Programmés tous les mois, ces dispositifs de pré-accueil et d’accueil correspondent à l’organisation de l’établissement en entrées et sorties permanentes et ils favorisent des parcours plus fluides.

Une réorganisation progressive et une nouvelle culture de la collaboration

« La transformation a été graduelle rappelle Sophie Lendais ». « L'offre du pôle Compétences clés a été partagée il y a 5 ans, mais cela fait juste un an que l’ensemble des pôles proposent des prestations « ouvertes ». Nous avons beaucoup travaillé sur l'offre pédagogique et les professionnels ont été accompagnés pour apprendre à mutualiser leur expertise. Leur adhésion au projet et qu’ils trouvent mutuellement intérêt à collaborer est essentiel. Car il s'agit d'un réel changement : d’aller de modalités de travail axées sur la formation vers une culture collaborative et une vision globale de l’accompagnement de la personne. C’est par un regard croisé des différents professionnels que nous pouvons déployer un réel travail pluridisciplinaire. Les formateurs ont été sensibilisés à une approche plus globale et les professionnels de l’accompagnement réalisent mieux les leviers que peuvent apporter les mises en situation concrètes d'apprentissage ».

Des temps de coordination pluridisciplinaires

L'organisation d’échanges pluridisciplinaires est essentielle souligne Sophie Lendais. « Nous avons deux temps pluridisciplinaires par semaine afin de partager les informations et d'étudier les situations des stagiaires : les étapes clés (entrée en formation, bilan intermédiaire et sortie) sont ainsi discutées et nous avons aussi un temps dédié pour examiner les situations complexes. Un membre de l'équipe de direction et un collaborateur de chaque pôle participent à ces réunions. Ce travail pluridisciplinaire favorise le partage de conseils et d’expertise, par exemple sur les comportements à adopter face à certains handicaps. Nous avons aussi en place des réunions de pilotes de pôles pour échanger sur le besoin des équipes et les réponses à apporter. Cette organisation demande en effet une forte structure de coordination et il est nécessaire de se ré-ajuster régulièrement, notamment lorsque l’offre de places en ateliers est inférieure aux demandes».

La formation

Chaque année, toute l'équipe de l'établissement suit une formation « module handicap », animée en interne par l’équipe du pôle compensation. La prochaine portera sur la sensibilisation aux problématiques des cérébrolésés. Des ateliers d'analyse des pratiques sont aussi organisés. Ces formations encouragent une approche globale de l’accompagnement.

Le bilan

Tous les ans les parcours des personnes sont évalués dans le cadre de la démarche qualité. Pour Sophie Lendais, ils sont de fait plus individualisés. « Cette organisation permet plus de flexibilité. Nous accueillons des personnes dans des situations atypiques car des aménagements sont possibles. Par exemple, nous pouvons organiser un parcours sur 4 jours, voire moins selon les besoins, afin de permettre à un stagiaire de continuer une activité Indispensable à son équilibre ou à la poursuite de soins médicaux.

L’organisation en pôle ne fige pas les modalités de travail. « Notre nouveau fonctionnement questionne aussi nos pratiques et entraîne des évolutions dans l'ingénierie des dispositifs. Nous avons réorganisé le dispositif de pré-orientation qui s’articule désormais en 3 cycles de 4 semaines (un stagiaire ne les suit pas forcément en totalité). Maintenant, nous nous questionnons sur le réentraînement au travail…  Les évolutions s’enchainent dans un cercle vertueux ».

Plus d’informations sur le Crepse :

Sophie Lendais, Directrice du Crepse (Arepsha)

slendais [at] crepse.fr